Publié le 6 avril 2020
Depuis la création de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) au cours de l'Assemblée Mondiale de la Santé de 1948, le 7 avril est la journée mondiale de la santé. Cette année, alors que nous faisons face à l’une des pandémies les plus graves de l’histoire de l’humanité, causée par le Coronavirus (COVID-19), cette journée a une signification toute particulière.
Au cours des dernières années, l'Observation de la Terre (OT) a été utilisée comme outil fiable pour l'amélioration de la santé au niveau mondial. L'OT apporte une contribution importante dans le domaine de l'épidémiologie spatiale, plus particulièrement dans les régions où les données épidémiologiques sont rares. Les données de télédétection permettent en effet de fournir des descriptions précises de profils démographiques, socio-économiques et épidémiologiques et ceci, à très haute résolution spatiale. Ces informations peuvent aider les autorités, organisations et acteurs concernés à identifier les populations les plus sensibles aux maladies infectieuses mais aussi à comprendre les moteurs de leur propagation. L'une des maladies infectieuses les plus dévastatrices est la malaria.
Les environnements propices aux moustiques vecteurs du paludisme peuvent être détectés à partir d'images satellitaires..Ci-dessus, extrait d'une image satellite Pléiades à très haute résolution d'une zone urbaine entourée de marais et de zones humides à Dakar, Sénégal.
La malaria, ou paludisme, est une maladie à transmission vectorielle dont l'hôte est le moustique Anopheles porteur du parasite Plasmodium. Jusqu'à récemment, la maladie était présente dans de grandes parties du monde et s’étendait jusqu'au cercle arctique. Aujourd'hui, elle a été éradiquée dans le monde occidental mais est encore répandue dans de grandes parties des tropiques et des régions subtropicales, notamment en Afrique. Selon l'OMS, l'Afrique subsaharienne est la région la plus touchée avec plus de 90 % des décès imputés à la malaria.
Source: World Health Organisation (www.who.int)
Les enfants de moins de 5 ans sont les plus vulnérables à la maladie et c'est dans cette tranche d'âge qu'elle provoque le plus de décès. La malaria est connue comme une maladie rurale et c'est donc dans ces zones que la plupart des initiatives menées par les gouvernements, scientifiques et organisations internationales se concentrent.
En zons urbaine, une forte densité de population combinée à la pauvreté peut entraîner une augmentation du nombre de personnes exposées au risque de paludisme.
Cependant, au cours des dernières décennies, le taux d'urbanisation a augmenté de manière spectaculaire dans la région subsaharienne et selon les dernières estimations, près de 50 % de la population devrait vivre en ville en 2050. Aujourd’hui, la majorité des habitants des villes subsahariennes vivent dans des bidonvilles le plus souvent érigés sur des terres inappropriées (zones inondables, marais, décharges...) sans eau courante, sans sanitaire et au milieu des détritus, augmentant fortement les risques pour la santé. La malaria peut persister et même prospérer dans ces nouveaux environnements car les conditions propices à la maladie que l'on retrouve en milieu rural existent maintenant dans de nombreuses villes de l'Afrique subsaharienne.
Cette hétérogénéité du risque intra-urbain n'est pas prise en compte dans les initiatives de cartographie du risque de malaria sur le continent ; elle ne figure pas non plus dans les stratégies nationales de contrôle actuelles qui se concentrent sur la protection des communautés rurales moins densément peuplées.
Carte d'adaptation de l'habitat des moustiques adultes à Dakar, au Sénégal, réalisée à l'aide d'une analyse multicritère sur des données d'observation de la Terre et d'autres données spatiales.
Le projet REACT (Remote Sensing for Epidemiology in African Cities), mené par un consortium international de 4 universités, est financé par la Politique scientifique fédérale (BELSPO) dans le cadre du programme STEREO-III et vise à utiliser les données d’OT dans la lutte contre les problèmes de santé en milieu urbain. Dans ce projet, un grand nombre d'images satellites de différentes résolutions spatiales sont exploitées de manière à extraire de nombreuses variables mais aussi pour examiner en détail la prévisibilité des variations intra- et inter-urbaines du risque d'infection par la malaria, ainsi que de la présence des moustiques vecteurs de la maladie. L'épidémiologie spatiale de la maladie est étudiée à une échelle subcontinentale sur un set de 24 grandes villes. Le projet se base sur des cas avérés de malaria et vise le développement de méthodes génériques potentiellement applicables à d'autres maladies à transmission vectorielle comme la dengue.
Plus d'informations
L'espace au service de la lutte contre les maladies infectieuses
Membres de l'équipe du projet REACT
Sabine VANHUYSSE |
Stefanos GEORGANOS |
Moritz LENNERT |