L'impact du réchauffement sur les pôles

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Published on 28 March 2006

Le réchauffement global influence la quantité d'eau stockée dans cette immense réserve de glace et de neige que sont les calottes glaciaires de l'Antarctique et du Groenland. C'est ce qu'ont confirmé des scientifiques de la NASA dans une publication récente. Des données radar altimétriques ERS-1 et ERS-2 acquises entre 1992 et 2002 ont été utilisées pour cartographier la hauteur des glaces. Les auteurs estiment à 20 milliards de tonnes la quantité de glace perdue chaque année au total, avec une augmentation correspondante du niveau de la mer. Ces 20 milliards nets sont le résultat d'une augmentation de 11 milliards de tonnes de glace au Groenland et d'une fonte de 31 milliards de tonnes en Antarctique. Le réchauffement affecte les calottes glaciaires de plusieurs manières: des températures plus élevées peuvent, en augmentant l'évaporation, entraîner des chutes de neige plus importantes mais, par ailleurs, le réchauffement des océans facilite la fonte des glaces situées sur les marges externes des calottes. En Antarctique, la glace accumulée à la suite des chutes de neige ne compense pas la fonte le long des côtes, contrairement au Groenland, où les chutes de neige à haute altitude permettent une accumulation plus importante.

Images SPOT5 VEGETATION illustrant la fonte de glace en Antarctique.
L'image de gauche date du 31 janvier 2005 et celle de droite du 30 janvier 2006.

Une autre étude basée sur des données plus récentes (données ERS-1, ERS-2 et Envisat de l'ESA et Radarsat-1 du Canada acquises entre 1996 et 2005) a montré par ailleurs que la quantité de glace relarguée annuellement par les glaciers du Sud du Groenland dans l'océan Atlantique est deux fois plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'était en 1996. Cette fonte contribue à hauteur de 17% à l'augmentation globale annuelle du niveau de la mer, estimée à 2,54 millimètres.

Ces 15 dernières années, l'altimétrie radar, développée à l'origine pour mesurer le niveau de la surface des mers, a été utilisée avec succès pour des mesures à grande échelle de l'épaisseur de surfaces glaciaires homogènes du Groenland et de l'Antarctique. La mission Cryosat développée par l'ESA devait fournir des mesures plus précises des modifications de l'épaisseur des calottes glaciaires et des glaces de mer. Cette mission a malheureusement échoué mais l'ESA a reçu le feu vert pour une mission CryoSat-2, qui sera équipée d'un instrument altimètre radar amélioré, appelé SIRAL (Synthetic Aperture Interferometric Radar Altimeter). Cet instrument permet l'envoi de 17800 impulsions radar par seconde vers la Terre et la mesure du temps écoulé avant que le signal ne "rebondisse" vers le satellite (l'altimètre radar du satellite Envisat envoie 1800 impulsions par seconde).

Si les tendances actuelles se confirment, les calottes polaires pourraient se modifier radicalement. Or, les glaces jouent un rôle capital dans la régulation du climat de la Terre. La fonte des calottes glaciaires aurait des conséquences non seulement sur le niveau des océans et sur la circulation thermohaline, mais, les glaces réfléchissant environ 80% des radiations incidentes, leur fonte entraînerait également une augmentation de l'absorption de la radiation incidente par les eaux océaniques. Ce qui entraînerait à son tour une fonte encore plus importante de la glace restante et un réchauffement global plus important.

La surveillance de l'état de la couverture glaciaire du Groenland et de l'Antarctique par satellite est donc fondamentale pour apporter des preuves manifestes des tendances et permettre d'évaluer les conséquences d'une fonte rapide des glaces polaires.

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Plus d'infos sur Cryosat 1: dossier complet en anglais - version française
Plus d'infos sur Cryosat 2