D’un pôle à l’autre

#Commented image, #Antarctic, #Arctic, #Climate change

Published on 11 March 2013

L’étendue de la banquise arctique diminue, c’est maintenant un fait avéré. Les superficies d’été estimées ces six dernières années grâce aux observations satellitaires sont les plus basses jamais enregistrées depuis 30 ans, c.à.d. depuis que les mesures existent. En septembre dernier, le record a été atteint avec une étendue de seulement 3,6 millions de km².

Une diminution de la superficie ne signifie pas nécessairement une réduction de l'épaisseur de la glace. Jusqu’à présent, la connaissance de la 3e dimension manquait aux scientifiques qui tentent d’évaluer de manière précise les variations saisonnières et interannuelles de la quantité de glace aux pôles.

Grâce aux données du satellite Cryosat-2, une équipe internationale de scientifiques a pu confirmer pour la première fois que la réduction de la banquise arctique s’accompagne d'une baisse importante du volume de glace. En combinant des données Cryosat-2, des données du satellite de la NASA Icesat et des enregistrements de terrain, les chercheurs ont ainsi pu établir que, par rapport à une moyenne estimée pour la période 2003–2008, le volume de la banquise pour la période 2010-2012 a diminué de 36% (4 300 km³ de glace, ce qui équivaut à 4 300 milliards de litres d’eau) en automne, et de 9% (1500 km³) en hiver.

Mais comment peut-on obtenir des volumes à partir d’un satellite? A bord du satellite CryoSat-2, l'instrument SIRAL (SAR Interferometer Radar ALtimeter) envoie de brèves impulsions radar vers la glace et mesure le temps que met le signal à faire l’aller-retour vers le satellite. Le signal envoyé «rebondit» sur la glace ou sur l’eau au niveau de fissures dans la couche de glace. La différence de temps de parcours du signal entre les deux types de surface permet d’estimer la hauteur de la glace au-dessus de l'eau et, par conséquent, le volume de la couverture de glace.

Evolution du volume de la banquise arctique déterminé à partir des données Cryosat-2 (points rouges) et simulé grâce au système Pan-Arctic Ice-Ocean Modelling and Assimilation system (PIOMAS). Source: ESA

Alors même qu'au Nord, la banquise arctique atteignait son minimum historique, de l’autre côté de la Terre, la banquise antarctique atteignait elle l'étendue la plus élevée jamais enregistrée depuis l'existence des mesures par satellite.

Ces deux records confirment les tendances contrastées à long terme des deux hémisphères. L'amplitude des deux phénomènes n'est cependant pas comparable; la perte de glace en Arctique est considérablement plus élevée que le gain observé en Antarctique. De plus, du fait de leurs nature et situation totalement différentes, les processus responsables de la fonte et de la formation de glace aux deux pôles sont également très différents. Soumise à des influences plus diverses (continentales, atmosphériques, océaniques), la banquise antarctique est sujette à une plus grande variabilité que la banquise arctique. Le déclin de cette dernière serait davantage lié au réchauffement climatique.

Etendue de la banquise antarctique en septembre 2012. La ligne orange indique l'étendue moyenne au mois de septembre pour la période 1979-2000. Cliquez sur l'image pour la visualiser sur le site Earth Observatory. Cette image est l'une des 32 images en lice  pour le concours NASA de la meilleure image satellite de l'année 2012.

Plus d'infos:

CryoSat reveals major loss of Arctic sea ice
Cryosat-2 Esa's Ice mission
Cryosat, mission glaciaire de l 'ESA
Fonte de la banquise arctique: article EOEdu VGT10
Antarctic Sea Ice Reaches New Maximum Extent
NASA Tournament Earth