L’océan sous surveillance, globalement, mais aussi au millimètre près!

#Mers & Oceans, #STEREO, #Changements climatiques

Publié le 28 juin 2022

Les couleurs de l’océan, le niveau des mers, mais aussi les vents, la température, les échanges avec l’atmosphère… Tous ces éléments surveillés par des engins spatiaux révèlent aux chercheurs l’état de santé de la planète bleue et l’ampleur des gigantesques phénomènes qui s’y déroulent. Aida Alvera-Azcárate, chercheuse au sein de l'unité GHER (GeoHydrodynamics and Environment Research) de l’Université de Liège et partenaire du projet STEREO MULTI-SYNC, a été interviewée pour le magazine de vulgarisation scientifique Daily Science.
Torrides tourbillons au large des Baléares

« Je viens de finir une collaboration sur les vastes tourbillons qui se créent dans la mer des Baléares, en Méditerranée », explique-t-elle. « Grâce aux données issues des satellites, nous avons pu étudier deux de ces événements récents qui ont été particulièrement longs. Ils ont duré entre deux et quatre mois ».

En isolant certaines masses d’eau, ces phénomènes ont un impact sur la circulation marine générale, mais aussi sur les écosystèmes. Dans le cas de cette étude, il ressort que ces tourbillons ont également engendré des hausses de température de l’ordre de 2,5 degrés. « À l’échelle de l’océan, on peut quasiment parler de vagues de chaleur », estime l’océanologue.


Identification par télédétection d’un tourbillon et d’une anomalie de température au large des Baléares détectée par Sentinel-3 © Dre Alvera-Azcárate
Printemps précoce en mer du Nord

Plus près de nous, c’est la précocité du printemps en mer du Nord qui a été détectée. Dans une étude, également soutenue par Belspo, la Politique scientifique fédérale belge, via son programme STEREO, c’est un autre effet du réchauffement global qui a été cerné par la chercheuse.

Grâce aux observations de la chlorophylle en mer réalisées sur une période de plus de vingt ans, l’océanologue a pu montrer que les efflorescences (floraisons) printanières en mer ont lieu de plus en plus tôt. « Avec une différence d’environ un mois entre 1998 et 2020 », précise-t-elle.

C’est au départ de données satellitaires que la scientifique de l’ULiège a pu mener ces recherches. Elle exploite régulièrement les données provenant des satellites européens Sentinel 3 et Sentinel 6, gérés par EUMETSAT dans le cadre du programme européen Copernicus.

« Sentinel 3 dispose d’une série d’instruments qui nous renseignent sur l’altimétrie de l’océan, ses couleurs et sa teneur en chlorophylle et en sédiments, mais également sur sa température », précise la Dre Alvera-Azcárate. « Sentinel 6, baptisé Michael Freilich, assure lui la continuité des données altimétriques entamées avec les satellites Jason. Et ce, avec une grande précision. »

Des outils et des données à affiner en permanence

Si les instruments en orbite offrent de vastes moissons de données, encore faut-il que celles-ci soient les plus pertinentes possible pour les scientifiques. Aida Alvera-Azcárate s’intéresse donc aussi à la manière d’améliorer la qualité de ces données satellitaires. «Par exemple, en tentant d’éliminer certaines perturbations, comme l’ombre des nuages sur la mer qui peuvent donner lieu à de mauvaises interprétations de ce qui est vu par les satellites », dit-elle.

Un casse-tête, d’autant que les ombres des nuages sont souvent difficiles à différencier des valeurs non ombragées. Elles présentent des caractéristiques spectrales similaires à celles des pixels de l’eau.

À Bruxelles, la Pre Véronique Dehant (Observatoire Royal de Belgique) pointe un autre enjeu lié à l’amélioration des outils spatiaux: la précision de leur localisation. « Quand on parle de la hausse du niveau des mers, on parle d’altimétrie », explique la responsable de la direction « Systèmes de référence et planétologie » de l’Observatoire.

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