Parc national de l'Ichkeul

#Image commentée, #Biodiversité

Publié le 24 janvier 2006

Le Parc national de l'Ichkeul, situé au Nord de la Tunisie, couvre une superficie de 12600 ha. Il est composé du lac Ichkeul, d'une superficie moyenne de 9000 ha, des marais qui l'entourent (environ 3000 ha) et, au sud, d'un massif calcaire culminant à 511 m. Le lac et les marais de l'Ichkeul, qui constituent l'une des quatre principales zones humides du bassin occidental de la Méditerranée, hébergent une végétation aquatique particulière servant d'alimentation à des milliers d'oiseaux d'eau migrateurs. L'importance écologique du lac, le dernier grand lac d'eau douce d'Afrique du Nord, comme site d'hivernage des oiseaux migrateurs (canards, oies, cigognes, flamants roses...) justifie son inscription sur trois listes internationales: en 1977 comme Réserve de la Biosphère (programme MAB de l'UNESCO), en 1979 comme site du Patrimoine Mondial Culturel et Naturel de l'UNESCO et en 1980 comme Zone humide d'importance internationale (Convention de RAMSAR).

Depuis 1996, il est aussi reconnu comme l'un des 34 sites du patrimoine mondial en péril. L'équilibre écologique du site a en effet été sévèrement perturbé par la construction de trois barrages en amont du lac dans le cadre d'un vaste programme de mobilisation des eaux pour l'alimentation en eau potable des villes côtières et pour l'agriculture. L'apport d'eau douce étant drastiquement réduit, la salinité des eaux du lac a fortement augmenté et la végétation d'eau douce (roselières, carex) a progressivement disparu au profit d'espèces halophytes, qui ne constituaient plus un habitat adapté à certaines populations d'oiseaux migrateurs. Ce phénomène a coïncidé avec des périodes de sécheresse prolongées et, jusqu'en 2002, on a assisté à un déséquilibre des écosystèmes de l'Ichkeul.

Un plan de gestion du Parc a été mis en oeuvre et diverses mesures ont été prises pour maîtriser les flux d'eau entrants et sortants du lac. Ces mesures, combinées à des conditions climatiques plus favorables, ont permis une restauration partielle des écosystèmes et un retour timide des oiseaux migrateurs. Ceci dément les prévisions pessimistes qui avaient été faites à la fin des années 1990 sur le devenir de l'Ichkeul et prouve la capacité de certains écosystèmes à se régénérer dès que les conditions de milieu redeviennent favorables.

Compositions couleurs 3 (0.76-0.86 µm) -2 (0.63-0.69 µm) -1 (0.52-0.60 µm) / RGB de 
données ASTER acquises les 14/11/2001 et 29/07/2005 (superficie de 11,4 x 20,0 km).
Credit: NASA/GSFC/METI/ERSDAC/JAROS and U.S./Japan ASTER Science Team.

Les deux images ASTER ci-dessus illustrent les modifications du niveau du lac, ainsi que de la végétation aquatique entre novembre 2001 et juillet 2005 (il aurait évidemment été plus intéressant de disposer d'images prises à la même saison). Dans ce type de composition colorée, la végétation apparaît en rouge, les sols nus ou faiblement recouverts de végétation apparaissent en couleur ocre et l'eau apparaît en bleu. En 2005, le niveau du lac est plus élevé qu'en 2001 et une grande partie du lac apparaît en rouge du fait de la présence de végétation aquatique.