SARSAR: les données Sentinel au service de la planification urbaine et de la gestion du territoire

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Publié le 21 janvier 2022

La Région wallonne compte plus de 2 200 sites abandonnés susceptibles d'être réhabilités. Il s'agit principalement d'anciennes zones industrielles ou de friches urbaines dont l'état actuel contribue à la déstructuration du tissu urbain mais qui représentent également une réelle opportunité pour une planification urbaine durable.

Une aide venue du ciel

La mise à jour complète de l'inventaire de ces sites, répartis sur tout le territoire de la Région, est essentielle pour fournir des informations actualisées aux différents acteurs. Elle se fait traditionnellement par visites d'agents sur le terrain et est donc à la fois très coûteuse et extrêmement chronophage. Or, chaque année, moins de 10 % de ces sites sont, entièrement ou seulement en partie, revalorisés.


Illustration de changement d'un site avec, de haut en bas, des images Sentinel-1, Sentinel-2 et une orthophoto.

Afin d'apporter une aide à la gestion de cet inventaire, le programme STEREO III a financé le projet SARSAR (Automatic redevelopment sites monitoring using SAR and OPTICAL images), mené conjointement par le Service Public de Wallonie, l' ISSeP (Institut Scientifique de Service Public) et l'ERM (Ecole Royale Militaire) et dont l'objectif était le développement d'un outil opérationnel de suivi automatique des sites grâce aux images Sentinel-1 et -2 du programme européen Copernicus. Cet outil doit permettre de

  • détecter les changements;
  • déterminer les types de changement;
  • indiquer la direction des changements et leur amplitude;
  • fournir un indice de confiance par changement.

L'analyse des changements observés permet de repérer de nouveaux sites, d'en éliminer d'autre et de déterminer quels sont les sites nécessitant en priorité une visite de terrain.


Zone d'étude (en vert) et distribution spatiale des sites à réaménager (RDS: redevelopment sites)  en Wallonie (en rouge)
Combiner radar et optique au sein de Terrascope

L'outil développé exploite la complémentarité entre les données du satellite Sentinel-1, qui acquiert des images SAR en bande C, et celles de Sentinel-2, équipé d'un système d'imagerie multispectrale.

D'une part, Sentinel-1 est sensible aux variations de forme, de hauteur et de teneur en eau. D'autre part, les données optiques Sentinel-2 permettent l'identification et la classification des changements au niveau de l'occupation du sol. De plus, leur temps de revisite fréquent (2 à 3 jours au niveau de la Wallonie) et leur accès libre en font des outils pertinents pour la détection automatique des changements à l'échelle régionale.


Exemple d'analyse des points de changement d'un site à Angleur, montrant la vérité terrain des orthophotos (de gauche à droite: été 2017, 2018 et 2019) et les séries chronologiques bidimensionnelles sigma0VH et NDVI.

La méthodologie générale du projet comprend les étapes suivantes :

  • Définition d'un cadre basé sur un premier filtre permettant d'éliminer les données inutilisables (par exemple, les images optiques nuageuses) et extraction des caractéristiques temporelles ;
  • Introduction des séries temporelles dans un bloc de traitement chargé de la détection des changements ;
  • Application d'un classificateur 'rule-based' pour quantifier et catégoriser les changements en différents types de couverture du sol (végétation, bâtiment et sol), fournissant également des informations sur la direction du changement (augmentation, diminution), l'amplitude et un indice de confiance.

Le processus a été mis en œuvre au sein de la plateforme TERRASCOPE, la contribution belge au segment terrestre collaboratif Sentinel, puisqu'elle fournit des données Sentinel prétraitées et des capacités informatiques pour l'automatisation du processus.


Gros plans de deux sites montrant (a) une diminution de la végétation et un changement du sol ; (b) une augmentation du bâti et un changement du sol.
Limiter l'artificialisation des sols

Les sites désaffectés étant situés à 85% en zones urbaines, leur réhabilitation permet d'éviter l'étalement urbain et donc de limiter l'artificialisation des sols. L'Union européenne a décidé de mettre en place des politiques pour arriver au " No net land take by 2050 " et éviter ainsi la perte de terrains agricoles, forestiers et naturels au profit de sols étanches et artificialisés qui ne peuvent plus assurer des processus naturels comme la décomposition chimique ou l’absorption des pluies dont les bénéfices sont de toute première importance. Le projet STEREO III SARSAR, en facilitant l'accès aux informations de changement des sites abandonnés, favorise leur revalorisation plus rapide et contribue donc à répondre à un des enjeux cruciaux actuels de l'Europe.

 

 

En savoir plus

Le projet STEREO III SARSAR

L’indispensable reconversion des friches wallonnes (Le Vif)

Planification urbaine et mise à jour de l’inventaire des sites à réaménager (Terrascope)

Les friches industrielles wallonnes surveillées depuis l’espace (ESA)