SAT-EX : L'écosystème mondial plus limité en eau qu'attendu

#STEREO, #Changements climatiques, #Eau, #Sécheresse, #Webstory

Publié le 20 mars 2020

Ce 23 mars, l'Organisation météorologique mondiale commémore ses 70 ans d’existence. Le thème choisi pour cet anniversaire important s'aligne sur celui de la Journée mondiale de l'eau 2020, célébrée hier, à savoir « L’eau et les changements climatiques ».

Plus d’événements extrêmes

Les changements climatiques ont un effet majeur sur l'eau. La hausse des températures augmente notamment le taux d'évaporation, ce qui accélère le cycle hydrologique. Cela peut entraîner une augmentation des précipitations dans certaines régions et des sécheresses plus importantes dans d’autres, en fonction des déplacements des ceintures de pluie traditionnelles.

Dans de nombreuses régions du monde, le régime des précipitations saisonnières devient plus irrégulier, ce qui affecte l'agriculture et la sécurité alimentaire ainsi que les moyens de subsistance de millions de personnes qui travaillent la terre.

Les modèles climatiques prévoient une aggravation des événements extrêmes, comme les sécheresses, les précipitations intenses et les vagues de chaleur. Mais les projections des différents modèles actuels ne se recoupent pas toujours. L’amélioration de ces modèles est capitale pour pouvoir fournir aux décideurs des outils fiables pour mieux gérer les ressources en eau mais aussi pour déterminer les bilans globaux de carbone terrestre.

Le projet STEREO SAT-EX a abouti à des résultats importants dans ce cadre, résultats qui pourront directement être utilisés par l’ensemble de la communauté scientifique s’intéressant au climat et notamment par les experts spécialisés en modélisation climatique.

J'appelle toutes les parties prenantes à intensifier l’action climatique et à investir dans de robustes mesures d’adaptation pour assurer la durabilité de l’eau. En limitant le réchauffement de la planète à 1,5 °C, le monde sera en bien meilleure position pour gérer et surmonter la crise de l’eau à laquelle nous sommes tous et toutes confrontés.

António Guterres, Secrétaire général de l'ONU

Chercher dans le passé pour prédire l’avenir

L'objectif principal du projet SAT-EX était d’étudier et de quantifier les facteurs climatiques qui limitent la croissance de la végétation mondiale afin de prévoir l'impact du changement climatique sur les écosystèmes. L’équipe a étudié une quantité impressionnante de données satellitaires, à savoir pas moins de 30 ans d'enregistrements mondiaux cohérents de variables environnementales et climatiques cruciales.

Ce travail de fourmi leur a permis de démêler les processus à l'origine des extrêmes climatiques, de découvrir les échelles spatiotemporelles auxquelles ils fonctionnent et de comprendre leur impact sur la biomasse terrestre. Les données d’archive constituent aussi une référence d'observation pour évaluer la capacité des modèles climatiques à représenter les extrêmes climatiques et la dynamique de la végétation.

L’eau, premier facteur limitant

Les principaux facteurs climatiques qui impactent la végétation sont la disponibilité en eau, le rayonnement solaire et atmosphérique et la température de l'air. Les chercheurs du projet SAT-EX ont pu mettre en évidence que la disponibilité en eau est le facteur le plus important pour la croissance végétale pour près de deux tiers de la végétation continentale.

La plupart des régions tropicales et de haute latitude sont quant à elles principalement limitées par le rayonnement ou la température.

Cette importance de la disponibilité en eau pour la majeure partie du monde est nettement plus marquante que ce qui était rapporté précédemment et est renforcée par la longue mémoire de l'humidité du sol. Des précipitations peuvent en effet affecter la dynamique de la végétation survenant plus de trois mois plus tard, en particulier dans les régions semi-arides.

Les résultats mettent aussi en évidence les relations très complexes entre le climat et la dynamique de la végétation. La dépendance de la végétation mondiale à la disponibilité en eau suggère que, sur une grande partie des continents, la végétation pourrait imiter les changements de la disponibilité en eau attendus suite aux changements climatiques. Les conséquences pourraient être importantes pour les écosystèmes des latitudes moyennes qui devraient recevoir moins de précipitations dans les décennies à venir.

Plus d'infos

Projet SAT-EX: Past climate extremes and their impact on the terrestrial carbon cycle

World Meteorological Day - Climate & Water - 23 March 2020

Journée mondiale de l'eau - 22 mars 2020

Une partie de l'équipe du projet SAT-EX

Christiana PAPAGIANNOPOULOU
Christiana PAPAGIANNOPOULOU
Diego MIRALLES
Diego MIRALLES
Niko VERHOEST
Niko VERHOEST