U-TURN contribue à la lutte contre la désertification et la sécheresse

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Publié le 16 juin 2020

Ce 17 juin est la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Mais pourquoi se préoccupe-t-on de ces lieux arides, que l’on imagine peuplés uniquement de serpents et de quelques arbustes ? Parce qu’en réalité, ils sont pleins de vie. Couvrant 40 % de la surface de la Terre, les zones arides hébergent plus de la moitié des espèces d'oiseaux et de mammifères et représentent environ 40 % de la productivité primaire nette globale. Plus d’un tiers de la population mondiale vit dans ces zones arides et la grande majorité est constamment sous la menace de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire causée par la dégradation des terres et la désertification.

Les espèces animales et végétales des zones sèches ont développé, au cours des millénaires, plusieurs stratégies pour faire face à la faible disponibilité en eau et à des températures très variables. Elles peuvent nous être précieuses pour trouver des solutions d’atténuation des effets des changements climatiques.

 

Trois-quart des terres dégradées

Selon des estimations récentes, plus de 75 % des terres émergées de notre planète sont déjà considérablement dégradées. Et si l’on ne change rien, la proportion de superficies dégradées pourrait atteindre 90 % d'ici 2050.

Les causes sont anthropiques et climatiques. On s’attend en effet à un accroissement de la gravité et de la fréquence des épisodes de sécheresse dans un avenir proche. Les écosystèmes des zones arides sont particulièrement vulnérables car fortement dépendants de l'eau disponible pendant la saison des pluies. Des épisodes de sécheresse extrême ou persistante peuvent avoir un impact direct sur la stabilité de leurs écosystèmes.

Des écosystèmes sur le fil

Bien que la dégradation des terres puisse être considérée comme un processus lent et progressif, les altérations du fonctionnement des écosystèmes peuvent se produire de manière très abrupte.


Au sein d’un écosystème, de nombreuses interactions complexes ont lieu en réponse à des facteurs internes ou externes. La résultante de ces interactions est appelée "fonctionnement d'un écosystème".

Ces changements abrupts sont appelés "turning points" (ou points de retournement) car ils définissent le moment où la perturbation est suffisamment forte pour pousser l’écosystème à modifier son fonctionnement de manière significative (mais pas nécessairement de manière irréversible).

Pour prévenir l'apparition de "turning points" dans les zones arides, il est important de définir où et comment ils se produisent et quel est leur impact.

U-TURN pour mieux comprendre les zones arides

Pour répondre à ces questions, l’équipe du projet STEREO U-TURN (Understanding Turning Points in Dryland Ecosystem Functioning) combinent des techniques avancées d'observation de la Terre et des modèles dynamiques de végétation.

Des séries chronologiques de données d'observation de la Terre de 1982 à 2015 ont été utilisées pour estimer la productivité de la végétation dans les régions arides. Les données sur les précipitations provenant d’images satellitaires et de stations météorologiques ont permis d'estimer l'efficacité avec laquelle les écosystèmes ont utilisé les précipitations disponibles pour produire de la végétation.


L'indice de fréquence des "turning points"montre les zones où les "turning points" les plus probables se sont produits au cours des dernières décennies. Le type de changement dans le fonctionnement des écosystèmes varie d'une région à l'autre. Pour plus d'informations, voir Bernardino et al., 2020.

Les résultats ont révélé que des « turning points » des écosystèmes se sont produits dans 13,6 % (soit 210 millions d'hectares) des zones arides mondiales. La plupart d'entre eux étaient concentrés dans quatre régions : le centre et l’ouest de l'Amérique du Nord, le Sahel, l'Asie centrale et l'est de l'Australie. En Amérique du Nord, les modifications ont entraîné une diminution générale du fonctionnement des écosystèmes alors que dans les autres régions, la tendance était plutôt à l’amélioration. Ces modifications sont cependant toujours susceptibles d’être inversées par les changements climatiques. C'est pourquoi il reste important de surveiller de près les écosystèmes des zones arides. De plus, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les principales causes des changements et pour distinguer les impacts dus au climat et ceux résultant des activités humaines.

L’équipe du projet U-Turn poursuit ses recherches afin de faire progresser notre compréhension des changements abrupts de fonctionnement des écosystèmes. Leurs résultats devraient aider les décideurs à identifier les régions prioritaires pour les mesures de soutien à la conservation et à la gestion des écosystèmes. Les avancées du projet contribuent donc à atténuer la dégradation des terres et, par conséquent, à préserver les écosystèmes des zones arides et les moyens de subsistance qui en dépendent.

Plus d'infos

Projet STEREO U-TURN

2020 Desertification and Drought Day

Global‐scale characterization of turning points in arid and semi‐arid ecosystem functioning
Bernardino et al. Global Ecology and Biogeography. 2020;00:1–16.