Publié le 3 octobre 2024
Alors que la télédétection par satellite permet des mesures à l'échelle régionale, les informations locales et la validation sur le terrain restent cruciales pour comprendre avec précision les processus en jeu et le contexte environnemental. C'est ce qu'ont souligné une fois de plus les chercheurs du projet STEREO-IV LACTOSE du Musée royal de l'Afrique centrale lors d'une récente campagne de terrain de deux semaines au Burundi et en République démocratique du Congo.
Des données et des partenariats
Le projet LACTOSE (Slow-moving LAndslides in Changing TrOpical landscapes: dynamics and hillslope connectivity from SpacE - 2023-2026) vise à comprendre comment les conditions environnementales naturelles et anthropiques influencent les glissements de terrain à évolution lente (SML pour Slow-Moving Landslides) et leur contribution sédimentaire aux systèmes fluviaux dans des paysages tropicaux en mutation.
L'équipe du projet a donc effectué des visites de terrain dans deux villes d'Afrique centrale en pleine expansion : Bujumbura (Burundi) et Bukavu (République démocratique du Congo). Ces deux villes sont confrontées à des défis différents mais sont fortement façonnées et affectées par des processus intenses de glissement de terrain et d'érosion. Au cours de ces deux semaines, ils ont visité plusieurs grands sites SML, recueillant des ensembles de données à haute résolution pour mieux cerner et comprendre les mécanismes de glissement de terrain et leurs interactions avec les systèmes fluviaux.
Ces visites ont également été l'occasion de renforcer les partenariats établis de longue date avec les chercheurs locaux de l'Université de Bujumbura et de l'Université Officielle de Bukavu, en partageant connaissances et expériences et en lançant des idées pour de futurs partenariats. Par ailleurs, la visite a permis d'organiser un deuxième atelier de deux jours sur les drones et la photogrammétrie, axé cette année sur la théorie avancée de la photogrammétrie et les techniques pratiques d'acquisition de données.
Mieux comprendre pour évaluer les risques
Parmi les sites visités, certains ont été le théâtre de glissements de terrain majeurs qui ont eu un impact important sur les communautés locales. C’est notamment le cas d’un des SML actifs les plus densément peuplés au monde (voir l’article Acceleration of a large deep-seated tropical landslide due to urbanization feedbacks publié dans Nature Geoscience), un glissement de terrain qui a temporairement bloqué la rivière reliant le lac Kivu et le lac Tanganyika au début de l'année 2024, et un autre qui a détruit un grand complexe scolaire au nord-ouest de Bukavu au cours de l'année dernière. Ces événements, qui sont des réactivations d'anciens glissements de terrain, soulignent le besoin urgent de comprendre les mécanismes de contrôle, les facteurs de déclenchement et l'évolution de ces risques.
D'une manière générale, le projet LACTOSE vise à améliorer notre compréhension des glissements de terrain dans les paysages tropicaux en évolution rapide. Il s'agit d'une étape essentielle pour améliorer l'évaluation des risques et comprendre l'impact plus large des changements environnementaux, qu'ils soient d'origine humaine ou naturelle, sur la dynamique des sédiments.
Plus d’infos
Pour plus d'informations sur le projet LACTOSE et les résultats récents, consultez la fiche du projet sur ce site, ainsi que le site https://georiska.africamuseum.be/en/activities/lactose.
Voir aussi l’article Les glissements de terrain lents, une menace grandissante mais ignorée sur le site AfricaMuseum