GARMON: Cartographie et caractérisation des jardins par télédétection

#STEREO, #Webstory, #Milieux urbains, #Biodiversité

Publié le 12 janvier 2021

Les jardins (ou espaces verts privés) représentent une part non négligeable des espaces verts des milieux de vie du monde entier ; ils sont donc des espaces stratégiques pour la qualité de vie environnementale locale.

Le chaînon manquant du maillage vert

Les politiques visant à optimiser les espaces vert privés sont relativement récentes et leur mise en œuvre nécessite l’accès à des données objectives ainsi qu’à des outils de suivi de la couverture et de l'utilisation des surfaces concernées, de leur gestion et des effets des mesures adoptées. À ce jour, des données de base élémentaires fiables, systématiques et intégrées sur les jardins - sans parler de vastes jeux de données - font presque totalement défaut en Flandre comme ailleurs. Le caractère privé des jardins est l'un des principaux obstacles à la récolte de telles données.

Pour soutenir la recherche et les politiques en matière de jardins, il existe donc un besoin évident d'informations plus détaillées sur la couverture, l'utilisation et la gestion des jardins, ainsi que sur leur suivi.


Orthophotographie de l’été 2015 de la région d’étude (40 cm de résolution) où sont délimités les parcelles de jardin et les bâtiments d’une superficie au sol de plus de 20 m²

Le projet ‘de développement d'applications’ GARMON (The GARrden MONitoring), financé par le programme STEREO et la région flamande, a pour ambition le développement d'un outil de surveillance des jardins par l'intégration des techniques de télédétection existantes. Les technologies de télédétection aérienne et spatiale ont été combinées et leur potentiel pour localiser et caractériser les jardins et les complexes de jardins a été étudié. L'objectif était d'explorer les techniques de traitement d'images permettant une extraction précise de l'emplacement et de la superficie des jardins ainsi que la superficie (et les rapports entre elles) des différentes composantes du couvert végétal (par exemple, arbres, herbe, zones faiblement végétalisées, surfaces imperméables, eau).

De la définition à la carte

La première étape a consisté à définir un jardin d'un point de vue technique. L’équipe, composée de membres de l’Université de la KULeuven et de Informatie Vlaanderen et coordonnée par le Departement Omgeving de la région flamande, a défini un jardin comme une zone utilisée pour la culture et les loisirs, qui se situe à proximité de bâtiments et qui ne peut être cultivée exclusivement à des fins de production (agriculture).

Un processus SIG (Système d’Information Géographique) a été établi sur base des connaissances accumulées à partir d’ensembles de données existants pour la zone d'étude de Louvain. Le processus de sélection de polygones a été utilisé pour créer une couche 'jardin' pour la zone d'étude, couche validée par la suite.

Les caractéristiques des jardins extraites des données de télédétection régionales disponibles (imagerie aérienne optique –RGB- et LiDAR) ont été ajoutées.

Le résultat a également été comparé et validé avec les cartes disponibles d’utilisation des sols répertoriant les bâtiments et ce pour l'ensemble de la Flandre.

Une première carte des jardins pour la Flandre a pu ainsi être obtenue et peut dès lors servir de base aux 'politiques des jardins' qui voient le jour aux niveaux régional et local.

Images satellitaires et services écosystémiques

L’équipe du projet a ensuite évalué la valeur ajoutée de l'imagerie satellitaire haute résolution comme celle fournie par les satellites Pléiades et SPOT pour caractériser la couverture des jardins. En utilisant une méthode de classification orientée objets, les chercheurs ont obtenu des niveaux de précision similaires à ceux obtenus grâce à l'imagerie aérienne.


Carte des surfaces végétalisées de Leuven en 2015 obtenue grâce à une classification orientée objets (OBIA) à partir d’images Pléiades et d’images saisonnières SPOT.

Cependant, grâce à l'ajout d'images saisonnières, en l’occurrence une image acquise en hiver et une image acquise en été, ils ont pu différencier le couvert végétal des feuillus et des conifères dans les jardins. Cette dernière information est importante pour l'étude des services écosystémiques fournis par la végétation urbaine.

Les données du projet GARMON peuvent désormais être utilisées pour décrire quantitativement l'étendue, la composition et la configuration du complexe de jardins en Flandre et seront intégrées dans le rapport environnemental RURA 2.0 (Ruimterapport Vlaanderen).


Exemple de superposition de la carte des parcelles de jardin et de la carte des surfaces végétalisées pour un quartier bâti à Leuven. Cette superposition permet de calculer le pourcentage de couverture végétale par parcelle de jardin.

Les résultats finaux seront également présentés aux gouvernements et aux parties prenantes concernés. Au niveau local (villes et communes), ces résultats peuvent constituer une contribution au soutien de politiques vertes.

Certains résultats, tels que les statistiques sur les jardins par bâtiment, seront distribués sous forme de géodonnées en libre accès. L'administration flamande quant à elle s’est engagée à créer régulièrement des mises à jour à partir des différents produits géographiques.

Plus d’infos

Projet STEREO GARMON (The Garden Monitor - mapping and characterizing gardens using remote sensing)

New citizen science platform "MijnTuinlab"