SmartPop: Coup de chaud sur les villes

#STEREO, #Webstory, #Milieux urbains, #Changements climatiques

Publié le 22 juillet 2019

Lorsque le mercure s'emballe, comme c'est à nouveau le cas cette semaine, les citadins recherchent la fraîcheur dans les parcs et forêts ou, quand ils le peuvent, partent en exode vers des zones plus vertes. C'est un phénomène bien connu de nous tous, c'est au cœur des villes qu'il fait le plus chaud. Appelé "îlot de chaleur urbain", ce phénomène s'explique par le remplacement des sols couverts de végétation et perméables par des bâtiments et revêtements imperméables.

A. Ilôt de chaleur urbain moyen à Liège durant les mois d'été à 23h entre 1996 et 2015.

Le projet SmartPop, financé en partie par le programme STEREO III, a pour objectif d’analyser et de prévoir l’évolution de l’urbanisation et de la population en Wallonie afin de mieux estimer les risques auxquels les habitants pourraient être exposés, comme les inondations, la pollution de l’air ou des vagues de chaleur.

L’équipe du projet SmartPop a ainsi estimé les occurrences et intensités d’îlôts de chaleur urbains et donc l’exposition de la population au stress thermique pour la ville de Liège dans les conditions climatiques actuelles (1996-2015) et futures (2026-2045 et 2081-2100).

Sur base des températures moyennes de l’air dans le centre de la ville relevées pendant les mois d’été durant 20 ans (de 1996 à 2015), l’équipe peut affirmer que le centre de Liège est soumis à des températures jusqu’à 4° supérieures à celles retrouvées aux endroits les plus frais dans la région, et ceci en appliquant une correction pour l’effet du relief.

 

Pourquoi fait-il plus chaud en ville?

  • la multiplication des murs et revêtements augmente la surface collectant le flux radiatif solaire;
  • les routes et bâtiments, de couleur sombre, ont un albédo plus bas et absorbent donc plus l’énergie solaire incidente;
  • dans les rues-canyons très verticales, les rayonnements réfléchis ne peuvent pas être directement émis dans l'atmosphère; ils restent piégés dans la rue;
  • la capacité de l'environnement direct à abaisser les températures par évaporation ou évapotranspiration (eau et plantes) et par ombrage est diminuée;
  • certaines activités humaines (trafic routier, airco..), plus importantes en ville, sont des sources de chaleur.

D’après les modèles climatiques, la température moyenne à la surface de la Terre augmenterait de 1,5° d’ici à 2026-2045, voire 4,5° à la fin du siècle. Ces chiffres peuvent sembler peu alarmants pour certains. Une telle augmentation aura pourtant des effets considérables sur la santé publique. Pour le démontrer, l’équipe du projet a calculé le nombre de jours de vagues de chaleur par an auxquels la population de la ville de Liège serait exposée à l’avenir, jours durant lesquels le taux de mortalité supplémentaire augmente significativement.

La définition utilisée d’un jour de vague de chaleur est celle du SPF Santé publique, à savoir un jour pour lequel la température maximale moyenne sur 3 jours dépasse les 30° et la température minimale moyenne sur 3 jours dépasse 18°.

B. Nombre moyen de jours de vagues de chaleur par an pour Liège et sa région entre 1996 et 2015.

C. Estimation du nombre moyen de jours de vagues de chaleur par an pour Liège et sa région pour la période 2026-2045, selon le scénario RCP8.5 de forçage radiatif établi par le GIEC.

D. Estimation du nombre moyen de jours de vagues de chaleur par an pour Liège et sa région pour la période 2081-2100, selon le scénario RCP8.5 de forçage radiatif établi par le GIEC.

 

Les illustrations ci-dessus montrent l’évolution attendue du nombre de jours de vague de chaleur pour Liège et ses environs jusqu’à la fin du siècle. A l’heure actuelle, les habitants du centre ville font face à 5 jours de vague de chaleur par an en moyenne, contre 1 à 2 jours pour les habitants des zones rurales. Ces chiffrent seront doublés à l’horizon 2050 et multipliés par un facteur 5 ou même plus à la fin du siècle ! En d’autres mots, si nous continuons sur notre lancée, sans réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les étés de nos petits-enfants, s'ils vivent en ville, seront à 30 % des jours de canicule, avec des impacts considérables sur leur santé, mais aussi sur la productivité, la consommation d’énergie ou les pannes d’infrastructures.

Plus d’infos :

SmartPop project

What is an Urban Heat Island? - NASA Climate Kids

Focus: Ilôts de chaleur - Bruxelles Environnement

Le projet SmartPop réunit des partenaires des 3 régions du pays:  l'ISSeP, l'ULB et le VITO.