Publié le 18 avril 2024
Fin 2023, à l'initiative du Secrétaire d'Etat à la Politique scientifique Thomas Dermine, le gouvernement a donné le feu vert au programme TERRASCOPE II. TERRASCOPE est une plateforme conçue pour offrir aux utilisateurs belges un accès facile et gratuit à des images satellitaires non commerciales, à des produits d'information dérivés et à des services d'observation de la Terre. Son fonctionnement est désormais assuré jusqu'à la fin de l'année 2028.
S'appuyer sur un long héritage
La Belgique s'est engagée de longue date dans une stratégie visant à développer son expertise et ses capacités en matière de traitement des données d'observation de la Terre. En 1998, dans le cadre d'un accord de coopération internationale avec la France, l'UE, la Suède et l'Italie, un centre de traitement, de distribution et d'archivage des images SPOT VEGETATION a été créé au VITO (Institut flamand de recherche technologique), sous l’impulsion de la Politique scientifique fédérale (anciennement Services fédéraux des affaires scientifiques, techniques et culturelles (SSTC). VEGETATION est le nom des capteurs satellitaires qui ont permis le suivi quotidien de la végétation terrestre durant 16 ans.
Baptisé à l'origine CVB (Centrum voor beeldverwerking : Centre de traitement d'images), le centre est devenu une plate-forme de traitement de données multi-missions. Le lancement du satellite belge PROBA-V en 2013 a permis d'assurer la continuité du suivi quotidien de la végétation mondiale jusqu'en 2021. L'expertise du CVB en matière d'observation de la Terre est depuis lors reconnue au niveau international.
Entrée en scène de l'Europe
L'Union européenne cherche depuis longtemps à se doter d'une capacité d'observation de la Terre globale, continue, autonome et de haute qualité. L'objectif était de fournir des informations précises, actualisées et facilement accessibles afin
- d'améliorer la gestion de l'environnement ;
- de comprendre et d'atténuer les effets du bouleversement climatique ;
- de garantir la sécurité civile ;
- de renforcer le leadership de l'Europe dans le domaine des applications spatiales.
Dans le cadre du programme Copernicus d'observation de la Terre, une série de satellites Sentinel ont été lancés depuis 2014 pour surveiller et comprendre l'environnement terrestre depuis l'espace.
Un segment sol collaboratif belge
Le programme Sentinel a généré une grande quantité de données. La gestion et la distribution de ces données en temps utile, tout en répondant aux divers besoins des utilisateurs, constituent un défi. C'est pourquoi des segments sol collaboratifs ont été mis en place dans les États membres de l'Union européenne afin de répondre aux besoins des utilisateurs de chaque pays et d'adapter les produits de données aux territoires nationaux, tout cela gratuitement.
En 2017, c’est ainsi que le CVB a été désigné comme segment sol collaboratif de la Belgique en raison de son expertise internationalement reconnue et de l'existence d’une infrastructure adaptée. Le centre, qui offre en effet un accès facile et en temps utile aux données Copernicus à un large public belge et même au-delà de nos frontières, a depuis été baptisé TERRASCOPE.
Ce qu'offre TERRASCOPE
Avec plus de 15 000 utilisateurs enregistrés, TERRASCOPE est le segment terrestre collaboratif le plus actif d'Europe. Les utilisateurs peuvent accéder à
- une grande variété de données d'observation de la Terre (scientifiquement validées) et de produits dérivés, y compris les données historiques SPOT Vegetation et PROBA-V, ainsi que des jeux de données uniques tels que ESA WorldCover et ESA WorldCereal. Les données peuvent être téléchargées et les utilisateurs peuvent également accéder aux données ou produits pertinents via des services web, les visualiser ou suivre l’évolution d’indicateurs dans le temps. Les dispositifs de traitement dans le cloud permettent aux utilisateurs de traiter les données et de télécharger ensuite les résultats sans avoir à stocker toutes les données satellitaires d'origine sur leur ordinateur.
- des exemples d'utilisation démontrant comment les données satellitaires peuvent répondre à des problèmes concrets.
- un accès libre et à la demande aux algorithmes d'observation de la Terre via EOplaza, structure permettant aux utilisateurs de développer des services basés sur les données TERRASCOPE, de les partager avec la communauté et de générer potentiellement des revenus à partir d'une utilisation commerciale.
Un écosystème européen
TERRASCOPE fait partie de l'initiative européenne OpenEO, qui vise à normaliser et à faciliter l'accès aux processus d'observation et d'analyse de la Terre. En outre, TERRASCOPE est lié au Copernicus Data Space Ecosystem, qui a remplacé tous les centres d'accès européens Copernicus existants en novembre 2023. Il offre des données provenant de toutes les missions Copernicus Sentinel, des Copernicus Contributing Missions et des ensembles de données fédérés (https://dataspace.copernicus.eu).
Ce que l'avenir nous réserve
Au cours des cinq prochaines années, TERRASCOPE consolidera sa place au sein de la capacité européenne d'imagerie autonome :
- en continuant d'explorer les technologies et les innovations de pointe, y compris l'intégration de l'IA pour l'analyse des données ;
- en élargissant son portefeuille de produits et de services ;
- en collaborant avec d'autres référentiels de données ;
- en adaptant les scénarios d'utilisation aux priorités nationales ;
- en augmentant l'utilisation des images satellitaires et l'engagement des utilisateurs, en particulier avec les communautés locales et régionales, afin de démontrer le potentiel des données et des services d'observation de la Terre. Cela inclut la coopération avec les instituts scientifiques fédéraux belges pour atteindre les objectifs de la transition verte de la Commission européenne.