Publié le 20 décembre 2007
Les populations de la région du Nord Kivu en RDC sont menacées en permanence par 2 volcans assez différents, le Nyiragongo et le Nyamuragira.
Le Nyiragongo, qui culmine à 3470 m, est un stratovolcan, càd un volcan dont la pente assez forte est formée par une alternance de lave durcie, de cendres solidifiées et de roches éjectées par des éruptions précédentes. L'activité de ce volcan est caractérisée par des émanations gazeuses continues, un lac de lave permanent dont la hauteur fluctue et, lors des éruptions, par des coulées de lave fissurales.
Le Nyamuragira quant à lui est un volcan bouclier, présentant un large cratère et une pente très douce, formée par l'acccumulation de coulées de lave fluide. Ces coulées peuvent atteindre des distances considérables. Dans le cas du Nyamuragira, elles s'étendent sur 1500 km2. Le Nyamulagira est considéré comme le volcan le plus actif du continent africain avec en moyenne une éruption tous les deux ans.
Image Landsat acquise le 31/01/2003 des volcans Nyiragongo et Nyamuragira
dans la province du Nord Kivu en République Démocratique du Congo
Cliquez sur l'image pour la visualiser en pleine résolution sur le site Earth Observatory
L'image Landsat fausses couleurs ci-dessus montre les 2 volcans en janvier 2003, environ un an après une éruption majeure du Nyiragongo, caractérisée par d'importantes coulées de lave vers le sud qui ont détruit une partie de la ville de Goma. Sur cette image, le brun-pourpre des coulées de lave contrastent très nettement sur le vert de la végétation. Le point rose au sommet du Nyiragongo témoigne de l'activité du volcan et correspond au lac de lave; le capteur y a détecté des températures de surface exceptionnellement élevées. Les zones blanches lumineuses sont des nuages, résultant probablement de la vapeur d'eau libérée par le volcan. La zone bleu clair correspond également à des émanations du panache volcanique, exceptionnellement riches en SO2. Le Nyiragongo est en effet le volcan qui rejette la quantité la plus importante de SO2 au monde (17000 à 50000 tonnes de SO2/jour). Le long des rives du lac Kivu, les zones en brun-mauve correpondent aux sols nus et aux zones habitées.
Les données satellitaires, utilisées conjointement aux données de terrains, sont des outils très utiles pour évaluer les risques associés à l'activité volcanique et les conséquences de cette activité sur les populations. L'identification et la gestion des risques sont essentiels dans cette région qui connaît une explosion démographique liée aux problèmes de sécurité recontrés entre autres en territoire de Masisi. C'est ce que propose de faire le projet GORISK du programme Stereo II, qui réunit les expertises de sept centres de recherche afin de tenter d'aboutir à une meilleure compréhension des phénomènes volcaniques et associés. Cette étude inclut, outre des techniques terrestres, l'étude des déformations du sol par interférométrie radar (InSAR) et l'utilisation d'images satellitaires à très haute résolution en vue de produire un Modèle Numérique de Terrain, de cartographier les fractures, de modéliser les coulées de laves mais également de procéder à une mise à jour adéquate de la cartographie des zones peuplées et des infrastructures. D'un point de vue géochimique, outre les analyses d'air et d'eau, GORISK intègre également les données satellitaires issues de travaux entrepris par d'autres équipes qui travaillent activement sur le suivi des panaches du Nyiragongo dans le cadre d'un projet européen NOVAC et du projet VISOR soutenu par le US National Science Foundation (NSF).