Qu'est-ce que la pollution de l'air ?

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a enregistré six polluants atmosphériques «classiques»: le monoxyde de carbone (CO), le plomb (Pb), le dioxyde d'azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2), l'ozone troposphérique (O3) et les particules en suspension, qui comprennent les poussières, le pollen, la suie, les fumées, les brouillards. Les particules en suspension sont composées de différentes fractions inhalables classées en fonction de leur taille ; on distingue les particules grossières ayant un diamètre aérodynamique inférieur à 10 microns (PM10) et les particules fines dont le diamètre n’excède pas 2,5 microns (PM2,5).

La combustion de combustibles fossiles ou de biomasse est la source la plus importante de polluants atmosphériques comme le SO2, le CO, certains oxydes d'azote comme le NO et le NO2 (regroupés sous le terme général NOx), les particules en suspension, les composés organiques volatils (COV) et certains métaux lourds. La combustion est également la source anthropique principale de dioxyde de carbone (CO2), l'un des principaux gaz à effet de serre.

Outre les effets sur la santé humaine, la pollution de l'air a des effets néfastes sur le rendement des cultures, la croissance des forêts, l’intégrité des écosystèmes, les matériaux et la visibilité.

La pollution de l'air a diminué dans certaines villes à travers le monde, grâce à l’action combinée d’améliorations technologiques et de mesures politiques (principe du pollueur-payeur). Les bénéfices de ces mesures sont cependant souvent gommés par l'augmentation de l'activité humaine.

La pollution de l'air en Asie

En conséquence de son développement industriel considérable, l’Asie compte à présent les villes les plus polluées au monde. Dans la plupart des villes d'Asie, les niveaux de SO2, de NO2 et de PM10 dépassent les limites fixées par l'OMS. Dans toute l'Asie, les émissions de plomb provenant des véhicules sont également bien au-dessus des niveaux de sécurité.

Parmi les 15 villes enregistrant les plus hautes concentrations en matières en suspension au monde, 12 sont situées en Asie. La moitié d’entre elles ont également les niveaux les plus élevés de SO2 atmosphériques. Beijing, Calcutta, Jakarta, New Delhi, Shanghai et Téhéran sont connues pour avoir des niveaux élevés de particules en suspension et de SO2. Source

Quels pollutants ?

Particules en suspension

D’un point de vue de santé publique, les particules fines représentent les polluants atmosphériques les plus importants. L'OMS estime que, dans les zones urbaines du monde entier, les particules fines sont responsables d'environ 2% de la mortalité par maladie cardio-pulmonaire chez l'adulte, de 5% de la mortalité par cancer de la trachée, des bronches et du poumon, et d’environ 1% de la mortalité par infections respiratoires aiguës chez les enfants.

Au total, ce sont ainsi près de 2,4 millions de personnes (1% des décès prématurés) qui meurent chaque année dans le monde à cause de particules fines. Un tiers des décès seraient dus aux particules PM10 présentes dans l’air des villes et deux tiers aux PM10 présentes à l’intérieur des bâtiments. Les estimations du nombre annuel de décès prématurés sont nettement plus élevées dans les pays en développement de l'Asie et du Pacifique.

Décès prématurés (en milliers) dus à l’exposition aux particules PM 10 en extérieur urbain, par région, en 2000. Source: Cohen and others 2004

Les NOx et le SO2

Au cours des deux dernières décennies, les émissions de S02 et de NOx ont augmenté, parfois de façon dramatique, dans les pays nouvellement industrialisés de l'Asie. En Chine, par exemple, les émissions de SO2 ont augmenté d'environ 28% de 2000 à 2005. Des données satellitaires indiquent que les émissions de NOx ont quant à elles augmenté de 50% entre 1996 et 2003.

L’augmentation des émissions de dioxyde de soufre est due à l'utilisation croissante de charbon et d'autres carburants à haute teneur en soufre en Asie. Les pluies acides qui en résultent endommagent récoltes et forêts et détériorent les structures synthétiques et d’autres matériaux. Au moins deux tiers des dépôts acides dans la région sont causés par des centrales thermiques au charbon dont les équipements de contrôle de la pollution sont dépassés.

Quelles sont les causes ?

La pollution extérieure

Le transport est devenu une source majeure de pollution atmosphérique en milieu urbain. Le parc automobile s’est rapidement élargi; ces 30 dernières années, le nombre de voitures à New Delhi et à Manille, par exemple, a doublé tous les sept ans. La multiplication du nombre de véhicules, combinée à la mauvaise qualité des routes, des carburants et de l'entretien des véhicules, fait de la pollution de l'air due au transport un problème alarmant.

Les autres sources de pollution comprennent les émissions industrielles, la combustion de combustibles solides et liquides pour la production d'électricité, et la combustion de la biomasse et autres combustibles, comme le charbon de bois, pour les usages domestiques.

Jeune femme vietnamienne portant un masque pour se protéger de la pollution à Hanoi. Source

Estimation des concentrations annuelles moyennes de PM10 dans les villes de plus de 100 000 habitants et dans les capitales, en 1999. La norme actuelle fixée par l’OMS est de 20 µg/m3. Source: Cohen and others 2004

Estimations mondiales des maladies attribuées à la pollution aux PM10 en milieu urbain, 
mesurée en DALY

Trafic automobile. Espace requis pour transporter le même nombre de personnes en voiture, en autobus ou à vélo. (Affiche du service d'urbanisation de la ville de Münster, août 2001) (Poster in city of Muenster Planning Office, August 2001 Credit: Press-Office City of Münster, Germany)

Les brumes sèches sont des nuages - connus sous le nom de Atmospheric Brown Clouds – formés de minuscules particules d'aérosol provenant d’émissions polluantes dans de nombreuses régions d'Asie. Ces brumes saisonnières réduisent la quantité de lumière atteignant la surface de la Terre et ont donc des effets potentiels sur le cycle de l'eau, l'agriculture et la santé humaine. Selon des simulations réalisées à l'aide de modèles climatiques mondiaux, ces brumes pourraient avoir un impact important sur le mouvement des moussons, les régimes régionaux de précipitations et le profil vertical de la température de l'atmosphère.

Les feux de forêt qui ravagent l'Asie du Sud-Est ne sont pas étrangers au phénomène de la brume sèche, comme on a pu le constater en 1997, où les feux qui avaient pris naissance en Indonésie se sont étendus aux pays limitrophes.

Fumées et smog au-dessus de l’Indonésie, TOMS Earth-probe (22/10/97).
Cette image montre un énorme nuage de fumée (en blanc) et de smog suspendu au-dessus de l’Indonésie. Les couleurs représentent les variations des quantités d’ozone. Le smog est composé d'ozone troposphérique et de fines particules généralement émises par l'industrie et les transports. Ce nuage de pollution s’est formé à la suite des nombreux feux de forêt qui ont ravagé les îles indonésiennes en 1997. Source: NASA/GSFC

Pollution intérieure

La pollution à l'intérieur des bâtiments constitue souvent un risque plus grave pour la santé que la pollution extérieure. La plupart des habitants des campagnes dans la région utilisent comme combustible ménager des brindilles, de l'herbe, des déjections animales séchées, des résidus agricoles, du bois, du charbon de bois ou du kérosène. La combustion de ces matériaux divers, dans des lieux où la ventilation est insuffisante, produit un air extrêmement pollué à l'intérieur des bâtiments. L’exposition à cette pollution intérieure est très étendue, compte tenu du niveau élevé des émissions nocives et du nombre de personnes utilisant les combustibles traditionnels pour la cuisson des aliments; l'Asie produit près de la moitié du bois de chauffage utilisé dans le monde.

On estime à 1,6 millions le nombre de décès prématurés (principalement des femmes et des enfants) chaque année dus à la pollution de l'air intérieur. Les effets sur la santé de la pollution intérieure comprennent des affections respiratoires aiguës chez les enfants, des maladies pulmonaires obstructives chroniques, des grossesses difficiles et des cancers du poumon.

Les principaux domaines où des améliorations pourraient être apportées sont: l’utilisation de combustibles plus propres, comme le gaz à basse teneur en propane et le kérosène, la mise au point de combustibles de bonne qualité à partir de la biomasse; la conception de fourneaux améliorés et une meilleure distribution de ceux-ci, des logements mieux adaptés et des progrès en matière d'éducation et de sensibilisation à l'environnement.

Chauffage et cuisson en Inde - Source: Kirk R. Smith

Estimations mondiales des maladies attribuées à la pollution aux PM10 en intérieur, mesurée en DALY. DALY (Disability Adjusted LifeYears: années de vie ajustées sur l'incapacité) est l'équivalent d'une année de vie en bonne santé perdue. Source: WHO 2002

Sources
GEO-3 GLOBAL ENVIRONMENT OUTLOOK (UNEP) Chapter 2/Atmosphere/Asia and the Pacific
GEO-4: GLOBAL ENVIRONMENT OUTLOOK (UNEP) / Atmosphere
Urban Air Pollution in Asian Megacities
NASA SATELLITE TRACKS HAZARDOUS SMOKE

Liens
Aerosols over Beijing


Cette page a été rédigée en 2009, comme complément d'information à la série de posters "10 years of Imaging the Earth"