Désertification et surexploitation des ressources en Afrique

La désertification est la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides, causée par les activités humaines et naturelles et influencée par les variations climatiques. Nous savons maintenant que les activités humaines sont la cause principale de ce phénomène. En effet, la désertification est principalement due à des facteurs comme le surpâturage, la surexploitation des terres agricoles, le déboisement, des feux plus fréquents, le surpompage des eaux souterraines, les retenues d'eau, la salinité accrue des sols et le changement climatique global. Les conséquences majeures de la désertification sont l'appauvrissement de la biodiversité et une diminution de la productivité des sols.

L'ancien secrétaire général des Nations Unies (UN), Kofi Annan, a d'ailleurs rapporté que la désertification diminue la fertilité des terres dans le monde, avec des pertes de productivité pouvant atteindre 50% dans certaines régions. Actuellement, les déserts couvrent 4 000 millions d’ha. Cette superficie risque de s’étendre encore, puisqu’un tiers de la surface terrestre est menacée par la désertification.
La désertification est un problème global, mais son impact est particulièrement dévastateur sur le continent africain, du fait qu'une part importante de la population vit dans les zones rurales où les activités principales sont l'élevage et la culture des terres. Des terres nécessaires à ces activités sont chaque jour perdues à cause de la désertification et d'autres formes de dégradation des sols.

Vulnérabilité à la désertification en Afrique. Source: Land Resource Stresses and Desertification in Africa

Vulnérabilité à la désertification en Afrique. Source: Land Resource Stresses and Desertification in Africa

Comme le montre la figure ci-dessus, 42% du territoire africain est recouvert de zones sèches définies comme impropres à toute forme d'agriculture. Les régions proches de ces zones présentent un haut degré de vulnérabilité à la désertification. En effet, ce processus menace 15% supplémentaires du continent, qui héberge un cinquième de la population africaine (voir figure ci-dessous).

Il a été démontré que l'agriculture à faible apport d'intrants, surtout en l'absence de pratiques de conservation appropriées, mène à la dégradation des terres. L'agriculture en Afrique étant essentiellement un système avec de très faibles apports en matières enrichissantes pour le sol et à faible rendement, la dégradation des terres est accélérée et certaines études récentes montrent une diminution progressive des rendements.

La situation est encore aggravée par la constante augmentation du bétail. Quand les populations étaient peu nombreuses, la rotation des cultures et la transhumance du bétail étaient appropriées et empêchaient la diminution de la productivité. En raison de la diminution de la disponibilité en terres agricoles (due à l'augmentation de la population et de la proportion de terres impropres à l'agriculture) et de l'adoption par les Etats de certains règlements, ces pratiques ne sont plus possibles actuellement.

La superficie disponible par habitant sur le continent est ainsi récemment passée de 0,5 ha/personne à moins de 0,3 ha/personne (Barnes, 1990).

Par ailleurs, la consommation de bois en Afrique est estimée à environ 3 millions ha par an. Là où la végétation disparaît, le sol est exposé au vent, les particules sont emportées et déposées ailleurs et la couche superficielle du sol s'érode. D'autre part, du fait de la disparition de l'ombre que fournissait la couverture végétale, le taux d'évaporation augmente et le sel s'accumule à la surface du sol. La salinité des sols augmente et empêche la croissance de nouvelles plantes. La perte de végétation entraîne une diminution de l'humidité retenue, avec pour conséquences possibles une modification du schéma climatique et une diminution des précipitations.

Arbre noyé par une dune remobilisée. Source: M. Salmon, 2003 

Mise à nu des racines par l'action du vent, Niger. Source: M. Salmon, 2003

La désertification ne contribue pas uniquement à l'insécurité alimentaire, aux famines et à la pauvreté, elle peut également alimenter les tensions économiques, politiques et sociales (les gens déplacés pour cause de désertification engendrent de nouvelles pressions sur les ressources naturelles et sur d'autres populations voisines). Ces tensions peuvent, à leur tour, entraîner de nouvelles migrations, des conflits, davantage de pauvreté et de nouvelles dégradations des terres.

Le combat contre la désertification est difficile, voire même impossible, sans la modification des pratiques de gestion des terres qui ont mené à celle-ci. La surexploitation des terres et les changements climatiques peuvent être interconnectés et avoir des effets identiques, ce qui rend d'autant plus difficile le choix de la bonne stratégie de lutte contre la désertification. Un certain nombre de méthodes ont été tentées afin de réduire la désertification, cependant, la plupart des mesures agissent sur les symptômes, comme le mouvement des dunes, mais ne traitent pas les causes du phénomène, comme le surpâturage, l'élevage intensif du bétail ou la déforestation. Dans ce contexte, il faut aussi noter que la mise en place de politiques internationales ou globales de lutte contre ce phénomène a été rendue très difficile de par le manque de données concrètes relatives à l'ampleur et à l'évolution de la désertification.

Sources

Desertification, a challenge for Africe - World press
Land degradation and desertification in Africa - The encyclopedia of Earth
Land Resource Stresses and Desertification in Africa - US Natural Resources Conservation Service
Overcoming One of the Greatest Environmental Challenges of Our Times: Re-thinking Policies to Cope with Desertification
Population growth, wood fuels, and resource problems in sub-Saharan Africa. Industry and Energy Dept. Working Paper No. 26. Washington, D.C.: World Bank 
The encyclopedia of earth 
Wikipedia - Desertification

Liens

EOEdu Applications: desertification


Cette page a été rédigée en 2009, comme complément d'information à la série de posters "10 years of Imaging the Earth"