Au cours des trente dernières années, l’étendue de la banquise arctique n’a cessé de diminuer. Depuis le début des enregistrements par satellite en 1979, la superficie de glaces permanentes a chuté de 10 % par décennie environ. En septembre 2005, la couverture de glace est passée pour la première fois en dessous des 5,5 millions km². En septembre 2007, le minimum historique de 4,3 millions km² a été atteint, c-à-d 38 % de moins que la moyenne des 30 dernières années et 24 % de moins que le précédent record de 2005. En 2007, la partie la plus au Nord de la glace arctique se situait à une latitude de 85,5 °N, càd à 500 km à peine du pôle Nord géographique.

Une diminution de la couverture de glace observée une année donnée ne signifie bien entendu pas grand-chose. D’une année à l’autre, on observe des fluctuations de l’étendue de la glace, comme on peut le voir sur la figure ci-dessus et notamment pour la valeur enregistrée en 1996, la plus élevée des 13 dernières années. Mais en 2007, la chute fut tellement brusque qu’elle a sérieusement inquiété les scientifiques, pour qui la tendance à la fonte semble clairement s’accentuer avec le temps.

Les ours polaires souffrent de la diminution de la période durant laquelle ils peuvent chasser les phoques. En effet, la glace se forme plus tardivement et fond plus rapidement.

Source: Bird Holidays

L'accélération de la disparition de la banquise peut être due à des changements climatiques entraînés par l’absence de la banquise elle-même. En effet, l’albédo de la glace est bien plus important que celui de l'eau de mer: au plus un objet est pâle, au plus il réfléchit le rayonnement du soleil. Puisque l'eau de l'océan est beaucoup plus sombre que la glace, elle absorbe plus d'énergie et, par conséquent, aggrave le réchauffement de la planète. Il s'agit d'un système de rétroaction positive: plus la glace fond, plus la région polaire se réchauffe. Et, plus ce phénomène dure, plus le processus de recouvrement de la glace en hiver sera difficile.

Evolution de l’étendue de la banquise arctique au mois d’août depuis le début des enregistrements par satellite en 1979 
Remarque: les minima de 2005 et 2007 ont été tous deux été observés au mois de septembre. - Source: Climate Progress

 

La fonte de la banquise est un problème important en soi car elle contribue au réchauffement de la planète, mais elle est aussi à la base de nombreux autres problèmes: elle contribue à l'élévation du niveau des mers et menace la survie de certaines espèces, dont l’ours polaire.

Indirectement, le réchauffement de la région arctique entraîne le dégel du permafrost, ce qui déclenche la libération de méthane, un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.

Elle pourrait également affecter la circulation océanique et, dans le pire des cas, provoquer l’arrêt du tapis roulant océanique qu’est le Gulf Stream et qui permet de charrier des eaux chaudes sur les côtes atlantiques de l'Amérique du Nord et de l’Europe. Cela peut sembler contradictoire, mais le résultat serait un refroidissement de certaines régions comme l'Islande, l'Irlande, les pays nordiques et la Grande-Bretagne qui doivent leur climat tempéré à la dérive nord-atlantique, qui prolonge le Gulf Stream.

Après la fonte-record de 2007, la calotte glaciaire arctique s’est lentement et presque complètement reconstituée au cours de l'hiver, mais la glace nouvellement formée était plus mince et moins dense que la glace qui avait disparu au cours de l'été 2007. Par conséquent, et parce que le réchauffement de la planète n'a pas diminué, la majeure partie de cette nouvelle glace a à nouveau disparu au cours de l'été 2008. Le minimum annuel n'a pas été aussi faible que l'année précédente, mais correspond néanmoins au deuxième record après 2007.

Cette année-là, durant un mois entier, le retrait saisonnier a été le plus rapide jamais enregistré. Les données de la NASA enregistrées du 1er au 31 août 2008 ont montré que le taux de disparition de la banquise était de 84 700 km² par jour, alors qu’en août 2007, il était de 63 200 km² par jour.

Le dernier hiver 2008-2009 a, encore une fois, été suffisamment froid que pour permettre le recouvrement presque complet de la glace (presque, car le maximum annuel diminue lui aussi d’année en année), mais, une fois encore, cette couche de glace était plus fragile et plus mince que les années précédentes.

Cette année 2009, la fonte semble avoir été moins rapide que les deux années précédentes, principalement en raison d’un type de circulation atmosphérique qui a entraîné le déplacement de glaces vers la Sibérie et freiné la perte de glace de l’océan arctique.

Selon le National Snow and Ice Data Center, en 2009, l'étendue de la banquise arctique semble avoir atteint son minimum le 12 septembre. Ce minimum saisonnier est moins important que celui atteint en 2007 (et même un peu plus élevé que celui de 2008), mais il est toujours bien en-deçà de la moyenne 1979-2000.

Image du haut: Minimum saisonnier de 2009 par rapport à la moyenne pour la période 1979 -2000 - Source: NASA Earth Observatory
Image du bas: Etendue de la banquise arctique en 2009, 2008 et 2007, comparée à la moyenne pour la période 1979-2000 - Source: National Snow and Ice Data Center

Sources

Arctic Sea Ice Minimum 2009 - Earth Protect
National Snow and Ice Data Center 
Polar Bears Go Hungry as Icy Habitat Melts Away - Inter Press Service

'Remarkable' Drop in Arctic Sea Ice Raises Questions - NASA 
Sea Ice in Retreat - New York Times
Wikipedia - Albedo Arctic shrinkage - Thermohaline circulation - Greenhouse gas

Links

NOAA Animation : Arctic Sea Ice Reaches 3rd Lowest Minimum Extent
Arctic Sea Ice - Earth Observatory World of Change 
Extreme Ice Survey
Projected Losses of Arctic Sea-Ice and Polar Bear Habitat may be Reduced if Greenhouse Gas Emissions are Stabilized 


Cette page a été rédigée en 2009, comme complément d'information à la série de posters "10 years of Imaging the Earth"