Maladies aux portes de l'Europe

Plus d'épidémies à l'avenir ?

L'Europe pourrait avoir à faire face à une augmentation des foyers de maladies transmises par des vecteurs, comme les tiques (vecteurs de l'encéphalite à tiques ou de la maladie de Lyme), les moustiques (vecteurs du Chikungunya, de la Dengue, du paludisme, ou de la fièvre de la Vallée du Rift), ou les phlébotomes (vecteurs de la leishmaniose viscérale, par exemple).

Les changements climatiques, tels que des étés plus chauds et plus longs, des hivers plus doux, accompagnés ou non de pluies plus abondantes, pourraient déplacer l'habitat de ces organismes à sang froid, avec pour conséquence l'introduction de maladies dans des régions où elles n'ont jamais existé auparavant, ou leur réintroduction dans des zones où elles avaient été éradiquées.

Le changement climatique n'est pas le seul facteur de risque d'augmentation de ces maladies transmises par des vecteurs; l'augmentation du nombre de déplacements, l'importance des migrations, la multiplication des échanges internationaux induits par la mondialisation, peuvent également favoriser l'émergence de nouvelles maladies.

Mais ce sont les changements d'affectation des terres et des modes de consommation d'eau qui restent les principaux facteurs de propagation des maladies infectieuses. L'apparition de la maladie de Lyme en Amérique du Nord, par exemple, est liée au reboisement et à l'augmentation de la population de la tique du cerf.

Un exemple d'épidémie liée au changement climatique s'est produit en 2007, quand un voyageur qui avait contracté le Chikungunya lors d'un séjour en Inde, a été piqué, dans le nord de l'Italie, par un moustique-tigre (Aedes albopictus). Ce type de moustique, qui était récemment arrivé en Europe, est un des vecteurs de la maladie.An example of the increased threat of disease outbreak linked to climate change was seen in 2007, when a traveller who had been infected in India with chikungunya fever was bitten in northern Italy by Aedes
Près de 250 personnes ont été atteintes, ce qui a fait de cet épisode la première épidémie de Chikungunya relevée par les experts en dehors des tropiques.

Le Chikungunya est une maladie virale, qui dure généralement de cinq à sept jours, et qui cause de très fortes douleurs articulaires, souvent invalidantes, qui persistent parfois pour des périodes beaucoup plus longues. La maladie est rarement mortelle, mais son vecteur, le moustique-tigre, pourrait propager des maladies plus dangereuses comme la dengue et la fièvre jaune, ce qui n'est pas pour rassurer les experts.

Moustique tigre - Source

Maladies à vecteurs et effets des changements climatiques

Encéphalite à tiques et maladie de Lyme 
Ces maladies sont déjà présentes en Europe et leur incidence a augmenté ces dernières années. 

L'encéphalite à tiques infecte le système nerveux central et est transmise par les tiques Ixodes ricinus. La maladie est endémique dans le sud de la Scandinavie, ainsi qu'en Europe centrale et orientale. Dans certaines régions, le nombre d'infections a augmenté de près de 400% au cours des 30 dernières années, faisant de l'encéphalite à tiques un défi majeur de santé publique.

Le changement climatique peut tout à la fois allonger la période de transmission et faciliter la propagation des maladies à tiques vers des zones de plus hautes latitudes et altitudes.

L'augmentation du nombre d'infections peut également être en partie attribuable à l'allongement des périodes de beau temps au printemps et en automne, incitant à plus d'activités en plein air, et donc à une plus grande fréquentation des zones forestières.

Le changement climatique
Au cours des 150 dernières années, la température moyenne a augmenté de près de 0,8 º C au niveau mondial et d'environ 1 º C en Europe. D'après le 4ème rapport du GIEC (2007), 11 des 12 dernières années (1995-2006) figurent parmi les 12 années les plus chaudes depuis le début des enregistrements de la température de surface en 1850. 
En Europe, les augmentations de température les plus importantes sont observées dans le Sud de l'Europe et dans la région arctique. Quant aux précipitations, elles diminuent dans le Sud de l'Europe et augmentent dans le Nord/Nord-Ouest.

L'un des premiers signes de l'effet des changements climatiques sur la santé humaine pourrait bien être le changement dans la répartition des maladies graves transmises par des vecteurs. 

Changement relatif de la moyenne annuelle des précipitations, 
entre la période de contrôle, 1961-1990, et 2071-2100, selon le 
scénario IPCC SRES A 2.
Données du projet Prudence financé par la CE, cartographie par EC JRC/IES
 

Changement absolu de la moyenne annuelle des températures, 
entre la période de contrôle, 1961-1990, et 2071-2100, selon le 
scénario IPCC SRES A 2.
Données du projet Prudence financé par la CE, cartographie par EC JRC/IE

Hantavirus

Les hantaviroses sont relativement répandues, mais sous-déclarées au sein de l'Europe. Il existe un lien étroit entre les cas recensés, l'habitat et la structure du paysage. Les hantavirus sont responsables d'une infection qui peut provoquer une fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHRS). La transmission se fait de rongeurs à rongeurs par les fluides corporels et les excréments, les hommes n'étant que rarement infectés. Les changements climatiques auraient influencé les schémas de migration des rongeurs et les processus d'adaptation physiologiques du virus. 

Leishmaniose

 Leishmaniose viscérale est une maladie transmise par les phlébotomes. Le chien est le réservoir principal du parasite. La maladie est endémique dans le bassin méditerranéen et est devenue une co-infection importante du VIH. Il existe deux formes principales de leishmaniose. La leishmaniose cutanée provoque des lésions sur la peau, tandis que la leishmaniose viscérale attaque les organes internes et est mortelle si elle n'est pas traitée. Le réchauffement climatique augmente le risque d'extension de la leishmaniose viscérale vers le Nord de l'Europe.

Virus du Nil Occidental

Le virus du Nil occidental est une maladie transmise par certains moustiques et qui peut provoquer une encéphalite (inflammation de l'encéphale). Des épidémies périodiques et parfois sévères se produisent localement à la frontière Est de l'Europe, suite à la combinaison d'une série de facteurs, notamment des conditions météorologiques favorables, l'abondance de moustiques-vecteurs et des oiseaux migrateurs infectés.

Source

Paludisme

Le paludisme (ou malaria) est une maladie du sang potentiellement mortelle, causée par un parasite qui est transmis à l'homme ou aux animaux par le moustique Anophèle. Le parasite humain, Plasmodium falciparum, est dangereux non seulement parce qu'il digère l'hémoglobine des globules rouges, mais aussi parce qu'il modifie les propriétés adhésives de la cellule où il a pénétré. Les cellules sanguines infectées collent aux parois des vaisseaux sanguins. Au niveau des capillaires cérébraux, les conséquences sont particulièrement graves puisqu'elles peuvent provoquer l'obstruction du flux sanguin au niveau du cerveau, une maladie appelée le paludisme cérébral.

Le paludisme est responsable de plus de 2,7 millions de décès par an. Il est actuellement endémique aux extrémités Sud et Est de l'Europe. Son potentiel de réémergence, qui dépend des changements climatiques, sera de plus en plus favorable, tant pour les différentes espèces de moustiques présents dans la région que pour les parasites du paludisme.

Avec la hausse des températures en Europe, on craint une recrudescence de la transmission du paludisme, comme on en a déjà vu en Europe de l'Est. Etant donné l'introduction constante en Europe de l'Ouest de cas de paludisme, à partir de pays endémiques, la transmission locale pourrait y augmenter, si la densité des populations de vecteurs devait augmenter. On estime, par exemple, que l'augmentation de la température au Royaume-Uni pourrait augmenter le risque de transmission locale du paludisme de 8 à 15% d'ici à 2050. 
Les experts s'accordent néanmoins pour dire que, en Europe de l'Ouest, le risque de transmission du paludisme liée à des changements climatiques locaux est très faible. Les risques sont plus élevés dans les pays où l'importation du paludisme coïncide avec la dégradation socio-économique, la désintégration des services sociaux et de santé, une migration transfrontalière non- contrôlée et un manque de gestion environnementale pour le contrôle des moustiques.

Sources
EDEN (Emerging Diseases in a changing European eNvironment)
Emerging Infectious Diseases - Center for Disease Control and Prevention
Emerging Pests and Vector-borne Diseases in Europe - Center for Disease Control and Prevention

European Centre for Disease Prevention and Control
European Environment Agency 
Modern Menace: Emerging & Re-Emerging Infectious Diseases - Health Media
More disease outbreaks in Europe with climate change - France 24
Protecting Health in Europe from climate change - World Health Organization Europe 
The Global Infectious Disease Threat and Its Implications for the US - US National Intelligence Council
The Vector-borne Human Infections of Europe - World Health Organization Europe
 


Cette page a été rédigée en 2009, comme complément d'information à la série de posters "10 years of Imaging the Earth