Si nous jetons un coup d’oeil au continent océanien, nous voyons qu’il est composé:

  • d’un très grand nombre de petites îles principalement localisées en région inter-tropicale ;
  • de deux pays qui sont aussi des îles mais aux dimensions bien plus importantes (la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande);
  • d’une très grande île d’une superficie comparable à celle de l’Europe: l’Australie.

Du fait de la très grande taille de l’Australie, les climats varient beaucoup d’un endroit à l’autre du pays. Le tiers nord de l’île est situé en zone tropicale où le climat est chaud à très chaud tout au long de l’année. Le reste du pays est situé au sud du tropique du Capricorne et voit se succéder des étés chauds et des hivers plus frais. L’humidité est principalement alimentée par les pluies. Il ne neige qu’en Tasmanie et sur les Alpes australiennes.

Un tiers de l’île est un désert où il pleut moins de 250 millimètres par an. Le reste de l’Australie reçoit entre 250 et 500 millimètres de précipitations annuelles. Les précipitations sont saisonnières sur presque l’ensemble du pays et les périodes sèches sont récurrentes (ces saisons se marquant d’autant plus que l’on s’éloigne des côtes). De par sa situation sous la ceinture sub-tropicale de hautes pressions, une grande partie du pays reçoit peu de précipitations avec de grandes variations d’une année à l’autre. Dans ces conditions, des années sèches voire très sèches ne sont pas rares.

Quand commence–t-on à parler de sécheresse ?

Donner une définition universelle de la sécheresse n’est pas aisé car le phénomène peut toucher n’importe quel endroit au monde, avec des caractéristiques et des conséquences très diverses. De manière générale, une sécheresse résulte d’un déficit de précipitations durant une certaine période de temps avec pour conséquence une pénurie d’eau affectant certains groupes, activités ou secteurs environnementaux. Quelle que soit la définition que l’on utilise, il semble clair qu’une sécheresse ne peut être vue comme un simple phénomène physique.

Zones climatiques en Australie - Source

Tendances des précipitations annuelles totales entre 1970 et 2008 (en mm/an) - Source: Australian Government, Bureau of Meteorology

4 grandes sècheresses

Au cours des 30 dernières années, l’Australie a connu 4 grandes sécheresses:

  • En 1982, L’Est du pays, et plus particulièrement le Sud-Est, a connu une sécheresse sévère. Une très vaste région, incluant l’entièreté des états de Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud a enregistré un important déficit de précipitations entre avril 1982 et février 1983. Cette sécheresse fût aussi la cause de tempêtes de sable au Nord-Ouest de l’état de Victoria et de feux de forêts au Sud-Est.
  • Au cours de la seconde moitié de l’année 1991, c’est l’état du Queensland qui a connu une grande sécheresse. Les trois-quarts de l’état n’ont connu que de très faibles précipitations entre mars et novembre 1991. Cette période a même été la plus sèche jamais enregistrée dans la région des “Darling Downs” (vaste région agricole située dans le Sud-Est du Queensland). La moitié Nord de l’état de Nouvelle Galles du Sud a aussi été affectée avec un déficit de précipitations très important au cours de la même période.
  • En 2002, le pays a connu sa plus importante sécheresse depuis le début des relevés météorologiques dans le pays (1910). Le printemps, l’été et l’automne ont connu un grave déficit de précipitations. La sécheresse a plus particulièrement touché l’Est du pays et le bassin du “Murray-Darling” (zone agricole la plus importante du pays). Les conséquences de cette sécheresse furent plus importantes que les impacts des précédents épisodes secs car, au cours de l’année 2002, les températures ont été particulièrement élevées. Ces hautes températures ont favorisé l’évaporation, avec pour conséquence une diminution rapide de l’humidité du sol et un assèchement de la végétation et des cours d’eau.
  • Plus récemment, au cours du printemps 2006, c’est, entre autres, l’état d’Australie méridionale qui a connu un important déficit pluviométrique. L’état de Victoria et le bassin du “Murray-Darling” ont, quant à eux, connu leur seconde saison la plus sèche depuis le début du 20ème siècle. La moyenne des précipitations sur l’ensemble de la Nouvelle-Galles du Sud a aussi été très faible (troisième saison la plus sèche depuis plus de 100 ans) et ce, malgré des pluies plus importantes que la normale le long des côtes. Comme ce fût le cas en 2002, la situation a été aggravée par des températures très nettement supérieures à la normale.

Recul du rivage du lac Hume (New South Wales state) - Source

Quelles sont les causes ?

Le point commun entre ces 4 évènements est qu’ils se sont produits en même temps qu’un épisode El Niño. Ce phénomène périodique (qui se produit tous les 3 à 8 ans) consiste en une variation dans la circulation atmosphérique au-dessus de l’océan Pacifique et de l’archipel indonésien avec, comme résultat, un réchauffement particulièrement important des eaux. Ce phénomène donne naissance à un climat plus chaud et plus humide qui va se déplacer vers l’est de l’océan, laissant la place à un climat plus sec dans le Pacifique ouest et en Australie. Les causes physiques des sécheresses lors des épisodes El Niño trouvent leurs origines dans les fluctuations naturelles du climat à l’échelle mondiale, qui elle-mêmes résultent de l’interaction très complexe de différents subsystèmes.

Outre ce phénomène naturel, la température moyenne de l’Australie a augmenté de 0,7°C au cours des 50 dernières années. Une augmentation de la température moyenne inférieure à 1°C peut sembler faible mais ses impacts sont très importants, plus particulièrement sur la gravité des sécheresses. Une hausse des températures entraîne une hausse de l’évaporation de l’eau contenue dans le sol, dans les plantes, dans les lacs et les rivières. Cela a un impact sur l’approvisionnement en eau, sur la santé de la végétation et sur l’agriculture. Dans des conditions normales, le taux d’évaporation en Australie est important puisque presque 90% des précipitations qui tombent sur le pays retournent dans l’atmosphère par évaporation.
Conséquence de la hausse des températures, le taux d’évaporation en 2002, par exemple, a été encore plus important que d’habitude. Cette tendance au réchauffement ne peut être expliquée par la variabilité naturelle du climat. Le réchauffement est plus probablement dû à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Moutons durant la sécheresse dans la région de la Riverina - Photograph taken by VirtualSteve

Depuis 1950, à côté des sécheresses, la tendance va à une augmentation de la température moyenne couplée à une diminution des précipitations et ce, principalement dans le Sud et dans l’Est de l’Australie. La situation devient critique car les trois états les plus peuplés du pays (Victoria, Nouvelle Galles du Sud et Queensland) sont fortement concernés et aucun élément ne tend à montrer que la tendance pourrait s’inverser.

Sources
Australia Burning Up and Drowning at the Same Time -Climaticide Chronicles
Australian Climate - World Book - Encyclopedia and Learning Resources 
Climate - Australian Government - Bureau of Meteorology
Climate change hits hard in the Australian outback - CS Monitor 
El Niño Drought in Australia 1982-1983 - University of Washington 
Rainfall Deficiencies and Drought Information - Australian Government - Bureau of Meteorology
What is Drought? National Drought Mitigation Center - University of Nebraska
 


Cette page a été rédigée en 2009, comme complément d'information à la série de posters "10 years of Imaging the Earth