L'Antarctique, un continent à protéger

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Publié le 26 novembre 2021

Ce 1er décembre, jour de l'Antarctique, marque le 62e anniversaire de la signature du traité sur l'Antarctique par la communauté internationale. Ce traité a pour but de protéger ce territoire fascinant, plus que jamais au centre de toutes les attentions. L'Antarctique est en effet le plus grand contributeur potentiel à l'élévation du niveau de la mer.

Le continent blanc est le plus froid, le plus sec et le plus venteux des continents sur Terre. Ses 14 millions de km² sont recouvert à 98 % de glaces qui peuvent atteindre 4000 km d'épaisseur. Il constitue aussi la plus grande réserve d'eau douce de notre planète et l'océan qui l'entoure héberge non seulement une biodiversité exceptionnelle mais joue également un rôle capital dans le système climatique planétaire.

Ce géant de glace a les pieds dans l'eau et sa stabilité est mise en péril par le réchauffement global. Si nous ne parvenons pas à limiter à 1,5°, voire 2°C, l'augmentation des températures d'ici à 2100, des points de basculement critiques pourraient être atteints, forçant l'humanité à devoir faire face à une élévation du niveau de la mer qui bouleversera complètement la répartition géographique de la population mondiale.

 

Actuellement, le niveau moyen de la mer augmente à un rythme élevé.  Pour la période 2010 - 2019, il a atteint 4,4 mm/an alors qu'il était de 1,9 mm/an pour la période 1971- 2006. Cette augmentation résulte pour un peu moins de la moitié de l'expansion thermique des océans. La part provenant de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires (Groenland et Antarctique) a déjà augmenté sensiblement ces dernières décennies et les projections de pertes de masses pour le futur indiquent une contribution nettement plus dominante des deux inlandsis dans le bilan global du niveau de la mer.

L'amincissement des plateformes de glace de l'Antarctique et la diminution correspondante de la contrainte subie par l'écoulement des glaces intérieures sont reconnus comme les principaux moteurs de la perte actuelle de glace de l'Antarctique (GIEC, 2013). Ce phénomène est particulièrement prononcé dans l'Antarctique occidental, en réponse à l'augmentation du transport de chaleur océanique sous sa plateforme de glace flottante et aux rétroactions qui en résultent, mais les données recueillies autour de l'Antarctique confirment que cet effet n'est pas limité géographiquement.


Projet MIMO: Détection de la propagation des fissures et du front de vêlage à partir de la série chronologique 2017-2020.

Il est donc impératif de modifier nos comportements pour contenir le réchauffement. Il est également fondamental de suivre en continu l'état des plateformes de glaces qui entourent l'Antarctique, ainsi que d'améliorer notre compréhension des mécanismes en jeu dans leur déstabilisation.

Pour étudier des environnements aussi vastes et hostiles, la télédétection est un outil incontournable. Plusieurs chercheurs STEREO se sont spécialisés dans la surveillance des surfaces recouvertes de glaces ou de neige (voir projets STEREO SNOPOST - Bayesian snow estimation under a vegetation gradient using SnowEx remote sensing data - et C-SNOW - Observing the Northern Hemisphere snow mass with Sentinel-1-) au moyen de données satellitaire radar.


Projet SNOPOST: Mesures des propriétés détaillées du manteau neigeux dans une fosse à neige pendant la campagne SnowEx2020.

Le projet STEREO MIMO (Monitoring melt where Ice Meets Ocean), dirigé par le professeur Frank Pattyn, avait ainsi pour objectif de quantifier la fonte basale des plateformes de glace entourant la calotte glaciaire de l'Antarctique à haute résolution spatiale et temporelle afin de disposer d'améliorer la modélisation de la calotte glaciaire. Le projet a notamment permis de développer une méthode de détection automatique des fissures des plateformes de glace et de suivi du front de vêlage (frontière entre une plateforme de glace et un iceberg).

Les résultats obtenus durant le projet constituent des avancées importantes dans la compréhension des processus impliqués dans la fonte des glaces antarctiques; ils ont d'ailleurs été utilisés pour l'élaboration de documents officiels, tels que le récent rapport AR6 du GIEC.

Dans le cadre d'un autre projet financé par BELSPO, le projet BRAIN-be Mass2Ant, 4 scientifiques, dont Frank Pattyn, s'envolent ce week-end vers l'Antarctique pour une mission d'environ un mois durant laquelle les chercheurs effectueront des carottages, des analyses de la neige en surface et des mesures radar afin de mieux comprendre et prédire la variabilité du bilan de masse de surface en Antarctique de l’Est. Ces données permettront de vérifier si les prédictions des modèles climatiques sont exactes et, le cas échéant, de les affiner.