La Grande barrière de corail qui longe l'Australie pourrait perdre 95% de son corail vivant d'ici 2050 si, comme le prédisent les scientifiques spécialistes du climat, la température des océans venait à augmenter de 1,5°C. World Worldwide Fund for Nature

La forêt tropicale marine

Les récifs coralliens sont souvent vus comme les "forêts tropicales" des mers. Ils occupent moins de 1% de la surface de la Terre, mais abritent le quart des espèces de poissons marins connus à ce jour.

Les récifs sont constitués de milliards de petits animaux, les polypes, qui vivent en symbiose avec des algues microscopiques appelées les zooxanthelles. Les deux espèces sont utiles les unes aux autres en s'offrant abri ou nourriture. Les algues sont des plantes qui utilisent la lumière et le CO2 pour produire de l'oxygène et de la nourriture qui sont utiles aux polypes. De leur côté, les polypes protègent les zooxanthelles, émettent du CO2 et fournissent à leurs hôtes des nutriments issus de leurs propres déchets.

Chaque polype vit à l'intérieur d'une coquille de carbonate de calcium. Les polypes s'assemblent pour former la structure complexe caractéristique des coraux alors que les zooxanthelles sont à l'origine de leur couleur.

Les coraux prospèrent principalement dans les eaux salées des mers tropicales où la température se situe entre 20 et 32°C et où la clarté de l'eau permet à la lumière de pénétrer.

Source
 

La grande barrière de corail

La Grande barrière de corail est le plus grand récif corallien au monde. Elle s'étend sur plus de 2 300 km le long de la côte Nord-Est de l'Australie et couvre une surface de 348 000 km². Elle est en fait constituée de 3 000 récifs et de 900 îles. Il s'agit de la plus grande structure d'organismes vivants au monde.

Cette zone, où la biodiversité est aussi importante que dans les forêts tropicales humides, est classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1981. Environ un tiers de la Grande barrière est un site protégé au sein du "Parc maritime de la Grande barrière de corail", qui constitue le plus grand parc marin protégé au monde. On y trouve 1 500 espèces de poissons, 400 espèces de coraux, 4 000 espèces de mollusques, 242 espèces d'oiseaux, ainsi qu'une grande diversité d'éponges, d'anémones, de vers marins et de crustacés. C'est également le lieu de vie de nombreux requins, dugongs, dauphins, baleines et tortues.


Cette image prise par Envisat nous montre l’une des grandes merveilles naturelles de la Terre : les récifs de la Grande barrière, dans la mer de Corail, le long de la côte Est du Queensland, en Australie - Source: ESA

Blanchiment

Partout dans le monde, les récifs coralliens sont de plus en plus menacés par le blanchiment. Ce phénomène est à mettre en parallèle avec l'augmentation de la température des eaux (la température des océans au niveau des tropiques a augmenté de 1°C au cours des 100 dernières années). Le premier blanchiment de corail recensé date de 1979. Depuis, 6 vagues de blanchiment, de plus en plus rapprochées et aux conséquences de plus en plus sévères se sont succédées.

Les récifs coralliens sont des écosystèmes fragiles très sensibles aux variations de température au-delà des valeurs normales. Contrairement aux poissons qui, en cas de problème, peuvent se déplacer vers un environnement plus adapté, les coraux ne peuvent quitter ces zones où la température de l'eau augmente, étant donné qu'ils sont fixés à la structure corallienne. Si les températures restent trop longtemps élevées, la relation symbiotique entre les polypes et les zooxanthelles s'altère et la majorité des algues sont expulsées. Même une faible hausse de la température (pas plus importante que 1°C au-delà des valeurs normales) durant une période aussi courte qu'une semaine, peut entraîner une expulsion des zooxanthelles hors des coraux.

Ce sont les pigments photosynthétiques des zooxanthelles qui donnent aux coraux leurs couleurs distinctives et dès lors, lorsque le nombre d'algues dans les massifs se réduit fortement, le corail devient pâle et apparaît blanchi.

Si la hausse de la température est de courte durée, les zooxanthelles encore présentes dans le corail se reproduisent rapidement une fois les conditions redevenues normales, et le corail retrouve sa couleur et survit. Cependant, ces coraux qui survivent au blanchiment peuvent, par la suite, présenter des effets secondaires comme une réduction de la croissance ou une plus grande sensibilité à la maladie. Si, par contre, les conditions de stress se prolongent ou sont trop sévères, la densité de zooxanthelles n'est plus suffisante pour redonner vie au récif et la majorité des coraux meurt. 

Degree Heating Week
Le stress thermique peut être exprimé en "Degree Heating Week" (DHW, en degré Celsius par semaine). Un DHW est équivalent à 1 semaine pour laquelle la température de surface de l'eau est supérieure de 1°C à la température maximale mensuelle. Une valeur de 2 DHW est équivalente à 2 semaines consécutives pour lesquelles la température de surface de l'eau est supérieure de 1°C à la température maximale mensuelle, ou à 1 semaine pour laquelle la température de surface de l'eau est supérieure de 2°C à la température maximale mensuelle. On considère qu'une valeur de " DHW" de 4 constitue le seuil à partir duquel les coraux vont blanchir si ceux-ci sont présents dans la zone concernée. 
Température de surface des eaux (SST - trait bleu foncé) et blanchiment du corail enDegree Heating Weeks (DHW - trait rouge) de janvier 2002 à décembre 2003 pour le récif Davies. Les conditions thermiques relatives au blanchiment sont classées en 5 niveaux d'alerte indiqués par des couleurs différentes - Source: Coral Reef Watch's Satellite Bleaching Alert - NOAA.

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Blanchiment de la grande barrière de corail

Depuis 1978, on a enregistré 6 événements très importants de blanchiment, occasionnés par des températures anormalement élevées des eaux de surface de la mer. Les événements de blanchiment les plus étendus ont été répertoriés en 1998, 2002 et 2006, et ont affecté près de 50% des coraux du "Parc maritime de la Grande barrière de corail", les coraux proches des côtes ayant été les plus touchés.

La température des mers le long de la Grande barrière de corail a augmenté de 0,4°C au cours du siècle dernier. Il est pratiquement certain que le réchauffement des mers entraînera à l'avenir une augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements de blanchiment des coraux.


Le blanchiment n'est pas seulement une menace pour la Grande barrière de corail. Un des prédateurs naturels des coraux est l'Acanthaster pourpre, une espèce d'étoile de mer. Un de ces Acanthaster pourpre adulte peut se nourrir, en une année, d'une surface allant jusqu'à 4 km² de coraux vivants. Source

Dans un scénario de réchauffement modéré des eaux de mer, les coraux seront très probablement exposés régulièrement à des températures estivales supérieures aux valeurs observées ces 20 dernières années, et l'on s'attend à observer des blanchiments systématiques des coraux chaque été, dans les années 2040. Sachant qu'il faut au moins 10 ans aux coraux pour se régénérer après un blanchiment sévère ayant induit un haut taux de mortalité, les récifs pourraient, d'ici à 2050, être majoritairement composés d'organismes non coralliens tels les macro-algues.

Carte montrant le blanchiment de la grande barrière, d'après des relevés aériens effectués en 2002. 
Source: CRC Reef Research Centre

Sources
IPCC Report Australia and New Zealand 
ReefBase: A global Information System for Coral Reefs 
Satellite Coral Bleaching Monitoring - NOAA 
Symbiosis - Harvard College Teacher's resource website 
The Great Barrier Reef Marine Park - Australian Government 


Cette page a été rédigée en 2009, comme complément d'information à la série de posters "10 years of Imaging the Earth"